10 questions sur l'hypnose
Qu'est-ce que l'hypnose ?
Tous les spécialistes ont leur propre définition et aucune théorie ne fait autorité. Le phénomène hypnotique est si complexe que les praticiens disent volontiers qu’il y a, non pas une, mais plusieurs hypnoses. Seule certitude : ce n’est pas un état de sommeil, mais un état modifié de conscience (EMC), comme le rêve, la transe, la relaxation, les expériences mystiques, la méditation… Nous la définirons comme un état modifié de conscience (EMC), quelque chose que tout le monde connaît déjà, comme lorsqu'on est passionné par un bon livre, fasciné par le feu dans la cheminée, ou simplement perdu dans ses pensées, (mais cela peut parfois être plus"profond" ).
La « transe hypnotique » correspond à une modification de la vigilance normale – celle qui nous permet de raisonner et de vivre au quotidien. Mais elle a ses caractéristiques : dans un environnement monotone où rien ne se passe, où les stimuli sont peu intenses, notre cerveau est en « manque » d’informations. Il se met alors à en produire lui-même en puisant des images dans notre inconscient. En quelque sorte, on « rêve » tout en restant conscient. C'est donc un phénomène naturel exemple: vous arrivez sur un lieu en voiture en vous disant : "mais comment je suis arrivé ici ? Je n'ai pas vu le trajet passer !" Vous étiez en hypnose.
Différentes sensations peuvent être éprouvées en état de transe :
• des sensations corporelles diverses: chaleur, fourmillement, froid, lourdeur, légèreté...
• se sentir à la fois ici et ailleurs.
• une grande facilité à retrouver ses souvenirs.
• la sensation "d'Etre", tout simplement.
• les perceptions de l'environnement extérieur n'ont plus d'importance.
• l'impression de connaître déjà cet état particulier.
• ressentir la présence d'immenses possibilités et ressources intérieures.
• ressentir un grand confort à demeurer dans cet état.
• et d'autres encore...
Evidemment, le sujet pourra ressentir une ou plusieurs de ces sensations.
En outre, contrairement à l’état de vigilance normale, où l’attention embrasse de nombreux centres d’intérêt en même temps et passe rapidement de l’un à l’autre, elle est concentrée, en hypnose, sur un sujet beaucoup plus restreint. C’est ainsi que, peu à peu, la personne hypnotisée oublie la réalité extérieure pour entrer dans une réalité intérieure, mais qu’elle vivra comme extérieure.
Seule exception : la voix de l’hypnotiseur continue d’être entendue. Ses mots deviennent un stimulus très particulier qui augmente le pouvoir de la suggestion. Celle-ci provoque alors des changements psychologiques ou physiologiques inhabituels (disparition immédiate de douleurs aiguës ou d’un eczéma, etc.). Pourquoi ? Comment ? Cela est encore à ce jour un mystère…
Peut-on s'hypnotiser soi-même ?
Oui. En fait, les professionnels affirment aujourd’hui que toute hypnose est une auto-hypnose, le véritable pouvoir de transformation ou de guérison se trouvant dans l’esprit de la personne hypnotisée, et non dans celui de l’hypnotiseur. Il est donc tout à fait possible de s’auto-hypnotiser, mais ce n’est pas un exercice facile. Des guides pratiques et des cassettes audio pourront vous y aider. Dans un premier temps, le plus important est de mettre au point un « rituel » qui va amorcer le processus d’induction (séance tous les jours à la même heure, au même endroit, avec le même type de vêtements, etc.) ; ensuite, d’apprendre à se relaxer. Vous pouvez aussi enregistrer vos propres messages.
Peut-il se produire des accidents ?
Non. On se « réveille » toujours, quoi qu’il arrive. D’abord parce qu’on ne dort pas ! Ensuite parce que, si aucune suggestion ne l’entretient, le fonctionnement hypnotique se dissipe de lui-même. Quant à la prétendue influence négative de certains hypnotiseurs, entretenue par le cinéma, elle relève de la légende : aucun hypnotiseur ne peut vous forcer à faire quelque chose qui va à l’encontre de vos valeurs morales. L’hypnose n’est pas un lavage de cerveau ! On ne révèle pas ses secrets les plus intimes si on ne le désire pas… Toutefois, pour éviter les charlatans, adressez-vous à l’une des associations reconnues officiellement pour choisir votre hypnothérapeute.
Maladies chroniques :
l'hypnose peut-elle les soigner ?
Certaines, oui. Les acouphènes, par exemple, des bourdonnements d’oreille contre lesquels la médecine reste impuissante. Grâce à l’hypnose, je parviens à les effacer dans 60 % des cas, car une suggestion peut modifier l’activité des commandes neurobiologiques responsables du fonctionnement de nos organes. Si vous décidez, par exemple, en auto-hypnose, d’augmenter la circulation du sang dans votre pied gauche, les vaisseaux sanguins vont se vasodilater sous l’effet d’une “transduction” (une transmission de l’information aux cellules). L’hypnose permet, c’est certain, d’installer une passerelle entre le corps et l’esprit, et d’activer nos mécanismes d’autoguérison. Dr Gérard Arcas, médecin et chirurgien ORL, auteur de Guérir le corps par l’hypnose et l’auto-hypnose (Ed. Sand).
Tout le monde est-il hypnotisable ?
Selon l’échelle de « suggestibilité hypnotique » mise au point par l’université de Stamford, 5 % d’entre nous sont réfractaires à l’hypnose et 10 % seulement parviennent à entrer rapidement en état d’hypnose profonde. Mais on ignore toujours pourquoi : il n’y a, à ce jour, aucune corrélation démontrée entre la structure de la personnalité et la suggestibilité.
Avec la technique Ericksonnienne, tout le monde pour être hypnotisable car le patient doit coopérer. Sinon, il n'y a pas de séance d'hypnose.
Comment se passe une séance ?
« Dormez, je le veux ! » Cette formule légendaire est désormais réservée au music-hall… Pratiquée par un psychothérapeute, l’hypnose est déclenchée de manière progressive. Une séance dure 45 minutes. D'abord, le thérapeute va s'enquérir du problème en cherchant à comprendre les processus pour ensuite aider le patient à déterminer un objectif (positif, réalisable ) dont on vérifie « l'écologie », c'est à dire les conséquences pour la personne.
Assis sur une chaise à côté de lui, le thérapeute l’invite à se détendre.
Ensuite, la séance d'hypnose proprement dite :
Induction (et il y a de nombreuses manières de provoquer une transe), approfondissement, application d'une ou de plusieurs techniques pour amener la personne vers son objectif, quelques suggestions pour une prochaine séance, et enfin, le « retour » avec parfois une conversation sur ce qui s'est passé, pour pouvoir en tenir compte lors d'une éventuelle prochaine séance (et oui, parfois une séance suffit, mais la plupart du temps, il faudra "dénouer le problème" en plusieurs séances).
Exemple : un homme vivant mal l’approche de la retraite a retrouvé sous hypnose le souvenir d’autres changements (entrée à l’école primaire ou secondaire, à l’université, mariage, enfants, etc). Avec le thérapeute, il va analyser ses résistances, mais aussi les bénéfices de ces changements pour construire un « scénario idéal » qui lui permettra d’effectuer une transformation intérieure positive.
Contre les idées reçues...
• on ne dort pas en hypnose.
• on n'est pas forcément relaxé lorsqu'on est en transe.
• le sujet garde le contrôle de la séance.
• on n'a aucun besoin d'une transe profonde pour avoir des résultats.
• on ne peut pas obliger quelqu'un à faire quelque chose contre sa volonté.
• il n'y a pas de déplacement de symptôme avec l'hypnose ericksonienne.
• le pire qui puisse arriver: s'endormir (très rare).
Tout le monde est-il capable d'hypnotiser ?
Oui. A condition de connaître la technique. Mais certaines personnes sont plus douées que d’autres... Pour devenir un hypnothérapeute sérieux, il faut avoir fait des études de médecine ou de psychologie, c’est-à-dire être déjà un professionnel de la thérapie. Une formation en hypnose peut ensuite être suivie grâce aux cursus proposés par les associations représentant les diverses « écoles ».Faites attention à bien choisir votre praticien ! Car certains se forment sur "Groupon" pour 30€...
Le thérapeute influence-t-il inconsciemment le patient ?
Cette question est au centre de débats passionnés. Depuis quelques années, devant l’augmentation faramineuse de cas d’incestes découverts sous hypnose aux Etats-Unis, les spécialistes commencent à parler de « syndrome des faux souvenirs », mettant en cause le rôle de l’hypnothérapeute. Qu’en est-il ? En état hypnotique, on peut se souvenir d’authentiques événements oubliés, voire « refoulés ». On peut aussi, en hypnose profonde, voir apparaître des fantasmes comme s’il s’agissait d’événements réels : leur véracité est telle qu’on ne peut les distinguer de vrais souvenirs, car notre cerveau a la possibilité de modifier ou de reconstruire un événement.
Il n’y a donc, à ce jour, aucune réponse définitive ni sur la réalité des souvenirs d’abus sexuels, de « vies antérieures », ou d’enlèvements extraterrestres découverts sous hypnose profonde, ni sur l’influence de l’hypnotiseur par un phénomène de transmission d’inconscient à inconscient… c'est aussi une question de méthodes: avec l'hypnose Ericksonnienne, le patient reste actif de son état hypnotique et ne peut pas être influencé par le thérapeute.
Stress :
pourquoi l'hypnose est-elle aussi efficace ?
La gestion du stress est l’une des applications les plus demandées, avec l’antitabac et l’amaigrissement. On le sait, le stress peut engendrer de l’anxiété, des insomnies, et parfois des états dépressifs accompagnés de troubles somatiques. L’hypnose est beaucoup plus efficace que d’autres techniques – comme la « relaxation simple » –, d’abord parce que son effet relaxant, renforcé par la voix et la présence rassurante de l’hypnothérapeute, diminue très rapidement l’impact des agents stressants, quelle qu’en soit l’origine. Ensuite parce qu’elle permet au patient en état hypnotique de lever lui-même ses inhibitions. Par exemple, une jeune femme était tétanisée à l’approche d’un entretien d’embauche important et n’en dormait plus, alors qu’elle savait avoir toutes les chances d’obtenir le poste. En hypnose, elle a « revécu » un précédent entretien où elle avait triché sur son CV et avait été découverte… Nous avons alors ensemble évalué sa peur, et trouvé son seuil adéquat de stimulation/excitation de « bon stress » afin qu’elle puisse considérer cet entretien comme un rite de passage, et non comme un jugement final.
A-t-elle été prouvée scientifiquement ?
Ses effets, oui. De nombreuses études ont montré qu’une suggestion hypnotique entraîne des réponses neuronales. Exemple, celle menée en 1997 par le Pr Stephen Kosslyn, du département de neurologie du Massachusetts General Hospital de Boston : il a présenté à un groupe de seize personnes une palette de couleurs échelonnées et une palette de dégradés de gris. Les réactions de leur cerveau étaient enregistrées par un tomographe à émission de positrons. Lorsque, sous hypnose, on demandait à chacune de ces personnes de « voir » en couleurs la palette de gris, c’était l’aire occipito-pariétale, l’une des zones de reconnaissance des couleurs, qui était activée : le cerveau avait donc réagi comme s’il voyait de la couleur à la place du gris, ce que demandait la suggestion.